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Le Geste Perdu

29 septembre 2013

- en transparence -

En transparence

 

- en transparence -

En vain,
elle a cherché
dans les mots anciens,
les mots d’antan
qu’elle écrivait,
les mots soyeux,
les mots vermeil,

éclats rougis des cracheurs de feu.

La lumière,
elle l’avait rencontrée,
lèvre blanche de sève d’ange,
et l’oiseau-gel
sur les branches enluminées,
les voyelles d’étoiles
sur un fil de soie.  

- en transparence -
ces mots jamais trouvés,

comme un trou qui taraude sa langue,
une contrée blanche que ses pas ignorent,
comme une absence dans l’intime cartographie,
un effacement,
une douleur
cachée dans la nuit,

le bleu de la brisure.

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24 septembre 2013

Démence

Démence

 


Douteras-tu de ma parole éclose en cette nuit

Ecumeuse de souvenirs, brisant mes mots jusqu’au sens étranger,
Marée temporelle fouissant les pourquoi de ma vie ?
Ecouteras-tu mon balbutiement quand l’ange,
Nervoir éclatant mes illusions et mon orgueil jusqu’à la lie,
Courbera ma tête peu à peu, me poussant au fil de l’oubli, à l’
Excipit ?



image: Diégo Vélasquez
(peinture Tête d'homme jeune de profil)

 

Acrostiche dédié à mon père

10 septembre 2013

Le trou.

 

L’air est troué par la sonnerie du téléphone comme un coup de poignard dans le ventre.  Plaie béante et saignante, irrémédiable.  Ne pas décrocher.  Premier geste pour préserver la quiétude.  Que dure le temps doux.  Quelques secondes.  Avant de se laisser saisir par l’angoisse décelée dans la voix du répondeur.  Décrocher et écouter sa mère désorientée parce que le médecin est en congé, qu’il y a les coordonnées d'un remplaçant, qu’elle ne les comprend pas, que le message est trop rapide, demande une décision sur l’attitude à prendre…

Savoir que le remplaçant ne viendra pas, parce que son cabinet est plein, qu’il ne se déplace que pour ses propres patients, que c’est peine perdue…  Rassurer sa mère, lui dire : je vais téléphoner et te donnerai les coordonnées du remplaçant.  L’inviter à attendre le retour du médecin traitant, ce lundi, lui proposer d’en parler à l’infirmière, pour un conseil.  Sa mère se détend, semble avoir trouvé ses repères.  L’angoisse se calme, la tempête s’éloigne…

Refermer dans sa tête, la page blanche, la douceur de l’instant.  Se tenir prête pour l’éventuelle urgence.  Et retourner dans le quotidien comme une bonne fille, une bonne mère, une bonne ménagère.  Les dents grinçantes.  L’âme coupable d’un moment de solitude.  L’être humain n’est-il pas un être social ?  Elle le sait.  Elle se tait.  Elle s’en va, dans le creux de sa vie. 

 

10 septembre 2013

Rai de soleil

Un rai de soleil, tiède à souhait, déverse sa lumière dans ma maison, en chasse l’ombre et l’amertume.  Il caresse le dos rond du chat lové dans sa rousseur, ouvre sur le vieux carrelage, des fenêtres claires, et l’espoir s’en vient comme un vol de tourterelles.

Le quartier berce sa quiétude au rythme du haut-parleur d’un commerçant ambulant ; la voix ténue d’une femme s’y entend, douce comme une berceuse, les mots incompréhensibles.  Puis le silence.  On entend battre le pouls du temps.

Septembre s’éclot en délices.

9 septembre 2013

Coupure


Coupure de courant.  Tout s’échappe.  Les blogs, les notes, les repères.  La télévision – tueuse du temps, l’ordinateur -  ouvert sur le monde, le téléphone – lien entre les proches éloignés…

Alors, je prends une feuille blanche, et un stylo.  J’observe l’écriture. 

La main est un peu crispée ; elle ne connaît plus le mouvement circulaire des entrelacs à l’encre bleue peints sur la blancheur.  Ces capteurs de Verbe...  L’écriture est hachée, disparate.  La main n’ose plus, se laisse distraire par le bruit sourd du courrier qui tombe sur le sol.  Le facteur est passé.  L’imprévu est au rendez-vous.  Peut-être.

La panne de courant perdure.  Et la page blanche aussi.

Il faut saisir les idées, et l’émotion.  L’exercice n’est pas facile.  Il demande de la concentration et de la souplesse tout à la fois.  La main résiste, les crampes s’amplifient.  Un mot vient de passer.  Solitude.  Il est saisi par l’encre bleue.  Fixé dans la blancheur.  Il en devient visible.  C’est peut-être cela qui me dérange.  La visibilité.  Dans l’évitement de l’écriture, il  y aurait donc la peur de voir.  De contempler mes faiblesses.  Moi qui me crois forte.  Qui me veux forte.  Pour avancer dans la vie, le pas solide.  Et ne pas tomber, ne pas ressentir la douleur de la chute…

Voici la fin de la panne d’électricité.  Et la fin de l’écrit.  Et la fin du silence, d’où émerge le Verbe.

 

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8 septembre 2013

Prélude

Quand le passé resurgit, plein de sens, comme un appel dans ma nuit...

Ma vie est une suite inachevée de l’écriture.  Maintes fois, je pose mes mots sur la feuille, maintes fois, je les abandonne.  A l’instar de Pénélope, je vis dans l’absence.  L’Oeuvre m’attend.  Malgré mes refus.  Mes incompréhensions…  Elle demeure. Insaisissable.  Non dévoilée. 
Je ne connais pas les chemins qui mènent vers Elle.  Je ne vois pas les signes.  Seul le désir d’écriture qui, tel un feu ardent, me consume  en l’intime. 

20 septembre

 

« Je suis corsetée de grammaire et de syntaxe, alignant sujet, verbe et complément dans l’ordonnancement de la maîtresse d’école. A peine, j’ose bousculer les règles apprises ; dans l’oreille me tinte en saccades légères, la règle de bois sur le tableau vert, comme une balise marine avertit le nageur de l’imminence d’un danger au-delà des limites permises. Dans ma paume, bien serrés, je tiens les liens syntaxiques. Comme une secrète protection de quelque dérive aux confins de la folie.

Poésie rimerait-elle avec l’éparpillement d’un moi ? Comme une nécessité de se fondre néant pour accéder à l’autre du langage, océan de feu où le Verbe transparaît, phénix du lieu sauvage d’où émerge le cri primal?

J’ai si peur d’oublier le chemin du retour, casser les amarres qui me rivent à la terre connue, certitude d’être au quotidien de la vie, j'ai si peur d’une dérive à l’infini- dans l’espace glacé du miroir, emprisonnée à jamais. 

J’ose sur la pointe de mes doigts.»

2005

Détricoter la langue.  L’extirper de son ordre. De ses habitudes.  Cette langue française apprise sur les bans bancs de l’école, il me faut la délier.  Décorder l’horizon.  Jusqu’à l’éblouissement de la terre nouvelle.


Connaître ma peur.

 

8 septembre 2013

Dégel


L’imprimante se dégèle à coups de craquelures ; les mots comme un fouet, rougissent l'oeil de l’hiver.  Sur le créneau de la muraille qui m’enclot, flotte joyeusement une page, sa blancheur maculée.  Mots- semence.  Mots d’errance en filigrane sur l’éclat d’un miroir.  Reflet d’un regard impertinent qui jauge sa propre peur.

Baisse les yeux !  L’injonction maternelle n’agit plus…

" Ayant peur d’écrire, cédant à la peur, écrivant debout, adossé au mur… "
Jacques Dupin (Fragmes)

 

7 septembre 2013

Regard

 

Regard



Goutte de silence

Sous un ciel de nuit,
Blanche éloquence
Sur une ligne de fuite.




image:  Fin DAC (artiste urbain irlandais vivant à Londres)
son site : http://findac.tumblr.com/ 

6 septembre 2013

Page impure

Sous le froid du soleil, le silence s’embrume,
Les bruns en camaïeu voltigent sur l’impur
D’une page sans mots, butant contre le mur
D’un désir infécond, tel un pleur d’amertume.

Fouiller dans la boîte à souvenirs pour combler le vide d’une page sans mots, 
piéger le temps qui s’enfuit, le ralentir avec l’histoire d’un autre temps, un Mogador poussiéreux, quel non-sens!  Je ne suis plus celle qui traversa l’événement, je suis autre, et mes mots goûtent l’ennui…

5 septembre 2013

L'Île de Mogador

Ile de Mogador

texte effacé par le geste rageur de l'auteure insatisfaite...

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Le Geste Perdu
  • Soulevant les raclures, ma plume fouille l'imaginaire ici et là, à la recherche du geste d'écriture, perdu quelque part. Sur ce blog, vous trouverez un petit journal, des cartes postales imaginaires, des acrostiches et plus peut-être...
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