Quand le passé resurgit, plein de sens, comme un appel dans ma nuit...
Ma vie est une suite inachevée de l’écriture. Maintes fois, je pose mes mots sur la feuille, maintes fois, je les abandonne. A l’instar de Pénélope, je vis dans l’absence. L’Oeuvre m’attend. Malgré mes refus. Mes incompréhensions… Elle demeure. Insaisissable. Non dévoilée.
Je ne connais pas les chemins qui mènent vers Elle. Je ne vois pas les signes. Seul le désir d’écriture qui, tel un feu ardent, me consume en l’intime.
20 septembre
« Je suis corsetée de grammaire et de syntaxe, alignant sujet, verbe et complément dans l’ordonnancement de la maîtresse d’école. A peine, j’ose bousculer les règles apprises ; dans l’oreille me tinte en saccades légères, la règle de bois sur le tableau vert, comme une balise marine avertit le nageur de l’imminence d’un danger au-delà des limites permises. Dans ma paume, bien serrés, je tiens les liens syntaxiques. Comme une secrète protection de quelque dérive aux confins de la folie.
Poésie rimerait-elle avec l’éparpillement d’un moi ? Comme une nécessité de se fondre néant pour accéder à l’autre du langage, océan de feu où le Verbe transparaît, phénix du lieu sauvage d’où émerge le cri primal?
J’ai si peur d’oublier le chemin du retour, casser les amarres qui me rivent à la terre connue, certitude d’être au quotidien de la vie, j'ai si peur d’une dérive à l’infini- dans l’espace glacé du miroir, emprisonnée à jamais.
J’ose sur la pointe de mes doigts.»
2005
Détricoter la langue. L’extirper de son ordre. De ses habitudes. Cette langue française apprise sur les bans bancs de l’école, il me faut la délier. Décorder l’horizon. Jusqu’à l’éblouissement de la terre nouvelle.
Connaître ma peur.